Trois méthodes de compostage décryptées par Sébastien

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Le compostage accélère la dégradation des matières organiques. Sébastien Bonardi, notre expert en permaculture, nous présente 3 méthodes et décrypte leurs avantages et inconvénients.

« Il existe plusieurs façons de composter. En effet, la matière organique ainsi que nos déchets alimentaires, sont régis par des processus de dégradation qui leur sont propres : bactéries, champignons, insectes, mammifères, pluie, vent… Ceux-ci participent à dégrader et à réinjecter dans le vivant tous ses composants. »

« La méthode du tas qui chauffe » 

Le tas qui chauffe est la méthode de compostage la plus connue et répandue. Elle consiste à déposer à même le sol, des couches successives de matière et à les mélanger. Cette masse chauffe et, au bout de plusieurs mois, elle produit une sorte de terreau.  Vous pouvez également utiliser un composteur. C’est plus esthétique pour masquer vos déchets organiques.

Cette méthode est pratique, elle prend peu de place elle est également rapide et permet d’obtenir un fertilisant relativement riche et naturel.

Néanmoins, elle implique la perte de nutriments riches et précieux pour les plantes. Lorsqu’il pleut, le compost en tas est lessivé. Il perd en moyenne 50 % d’azote et d’importantes quantités de potasse pendant sa durée de vie. Or, l’azote nourrit les plantes et la potasse favorise le développement des organes de réserve (tubercules, racines, fruits), tout en rendant les végétaux plus résistants aux maladies.

Par ailleurs, le tas qui chauffe peut laisser s’échapper des émanations de CO2 et de méthane s’il est mal aéré. En effet, le compostage se traduit par une réduction de masse de 50 % environ, due au dégagement de CO2 (provenant majoritairement de la minéralisation de la cellulose) et de vapeur d’eau.

La variante du tas qui chauffe en composteur

Utiliser un composteur pour son tas qui chauffe est aussi possible. Il a les mêmes avantages et, en plus, il masque les déchets organiques, ce qui est plus esthétique.

Seul bémol, le composteur, s’il n’est pas aéré et brassé régulièrement, peut aussi générer des émanations de méthane. La dégradation des déchets y est aussi parfois un peu plus lente car les auxiliaires (mammifères, micro-organismes) œuvrant pour leur décomposition ont plus de difficultés à accéder au tas. Néanmoins, le tas qui chauffe, librement ou en composteur, présente un bilan écologique favorable.

« Le compostage de surface »

C’est une méthode qui consiste à déposer de minces couches de déchets sur le sol, directement au pied des plantes, et à les recouvrir d’un paillage (feuilles, paille, herbes sèches). Les décomposeurs que sont les micro-organismes, la faune et les éléments naturels, se chargeront d’enfouir les éléments nutritifs directement dans le sol.

Elle a l’avantage d’être simple et efficace. C’est un vrai jeu d’enfant de jeter ses biodéchets directement au pied des plantes et il n’y a aucune perte. Tous les nutriments présents dans les matières en décomposition profitent directement au sol et donc aux plantes.

En revanche, elle nécessite tout de même de disposer de beaucoup de place et d’espace verts. Elle est aussi peu esthétique car les déchets restent visibles. Et même paillés ils peuvent être déterrés par les intempéries ou la faune.

Malgré tout, le compostage de surface est, selon moi, une méthode efficace car elle reproduit le processus naturel de décomposition des matières organiques et conserve tous les nutriments.

« Le lombricompostage »  

Le lombricompostage est une technique de compostage basée sur la digestion des déchets organiques par des vers spécifiques. C’est une solution parfaitement adaptée à un usage en appartement.

Avec le lombricompostage, vous obtenez à la fois un compost solide, le « lombricompost », situé sur le premier plateau en bas de la structure, et un fertilisant liquide, qui se récolte au robinet de votre lombricomposteur. Dans les deux cas, il s’agit d’un amendement de qualité, riche et naturel.

Un peu de maintenance et de la méthode sont tout de même nécessaire pour l’utiliser. Il faut surveiller régulièrement son équilibre, surtout au démarrage. Les vers sont des êtres vivants et ils ne peuvent pas absorber autant de diversité et de quantité de déchets alimentaires que ce que l’on pourrait introduire dans un composteur en tas ou en surface.

Cette technique est particulièrement recommandée pour ceux qui n’ont pas de jardin. Elle reste très accessible, il suffit de suivre les recommandations.

Consultez nos conseils pour bien lombricomposter 

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