Comment gérer l’eau dans son jardin ?

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Comment gérer l’eau et quel choix pour l’irrigation ? Voici des questions primordiales lorsque l’on souhaite faire pousser des végétaux tout en économisant les ressources. Sébastien Bonardi, notre expert en permaculture, donne son analyse.

L’eau et le choix des méthodes d’irrigation sont des questions primordiales pour les jardiniers.  Elles conditionnent d’une part la réussite de vos plantes et cultures et d’autre part, l’eau est une ressource importante qu’il ne faut pas gaspiller.

En premier lieu, il faut comprendre qu’il n’y a pas de réponse unique, de méthode à appliquer partout. Les choix concernant la gestion de l’eau dépendent principalement de deux facteurs.

1 – Le végétal que l’on choisit de faire pousser

Chaque plante a des besoins en eau spécifiques. De plus, le stade de développement de la plante conditionne aussi ce besoin. Une liste exhaustive des besoins de chaque plante serait impossible à établir ici mais il faut savoir que les plantes potagères sont souvent gourmandes, surtout pendant la période de croissance de la plante puis de ses fruits.

Ensuite, pour certaines d’entre elles, les arrosages n’ont pas besoin d’être d’une grande fréquence, surtout pendant la maturation des fruits. Par exemple, une fois les tomates formées, il devient nécessaire de réduire l’irrigation pour ne pas impacter la saveur des fruits.

Le climat et la météo jouent aussi sur ces aspects : la chaleur, des précédents de pluies abondantes, doivent enjoindre à ne pas irriguer du tout. Par ailleurs, certains signes sur la plante peuvent alerter sur l’état des besoins en eau. Sur les courges et les courgettes, par exemple l’affaissement des feuilles en journée ne traduit un besoin important d’apport que si les feuilles ne se redressent pas une fois la fin de journée arrivée. Sur les tomates les feuilles enroulées sur l’intérieur traduisent un excès d’irrigation et non un manque.

Ainsi, chaque plante envoie des signaux propres qu’il est important de reconnaître. En plus de cette complexité liée aux caractéristiques uniques de chaque plante, s’ajoutent des modalités d’irrigation propres à chaque sol.

2 – Le sol sur lequel ce végétal va pousser

La nature du sol, sa granulométrie, exprimée en sable, limon ou argile, impactent très fortement la capacité de la plante à trouver son eau.

Un sol sableux, aux grains visibles qui crissent sur les doigts, sera très drainant et nécessitera des apports faibles et réguliers. Ces apports pourront être espacés sur un sol limoneux (grains fins et doux au toucher), et d’autant plus sur un sol argileux qui se comportera comme une éponge.

Ces paramètres du sol sont subis, on ne peut pas les changer ; néanmoins, on peut améliorer à la fois la porosité et la capacité de rétention du sol à travers l’augmentation de l’humus, par le biais d’ajouts de matières organiques, de compost par exemple. Ou encore par l’augmentation de l’humus, créé par la décomposition des feuilles.

Cette amélioration passe aussi par une diminution voire une disparition des travaux mécaniques réguliers et invasifs du sol. Motoculteurs, motobineuses, charrues, diminuent la quantité d’humus qui participe à garder l‘eau dans les sols.

Quel type d’irrigation ?

Le goutte à goutte est souvent plébiscité mais il ne conviendra pas à toutes les cultures (il est inefficace sur la carotte par exemple).

L’arrosage par inondation peut avoir l’inconvénient de lessiver le sol et lui retirer de la fertilité.

L’aspersion peut entraîner des gaspillages selon le moment de la journée et être vecteur de maladies.

De nouveau, cela dépend grandement de la culture à irriguer. Et un jardin diversifié, avec de nombreuses espèces végétales, ornementales ou potagères, en incluant les arbres, doit avoir un système d’irrigation complexe qui couple ces diverses techniques en fonction de la nature de chaque végétal.

Des techniques simples à mettre en œuvre

Cependant, il faut bien garder à l’esprit l’importance que représente cette ressource qu’est l’eau. Sa raréfaction, d’autant plus avec l’entrée dans ce contexte climatique particulier, nous impose de l’utiliser avec méthode et sobriété.

Par exemple, une partie de l’évaporation peut être évitée grâce au paillage végétal, quel qu’il soit (paille, foin, tontes sèches, branches broyées). Cette technique permet de diviser par deux les arrosages.

Évitez aussi les aspersions par forte chaleur et grand vent.

Au démarrage d’une plante, vous pouvez arroser abondamment, cela permet aux racines de descendre profondément, puis réduire progressivement et espacer les arrosages.

Des économies peuvent aussi être réalisées en choisissant des essences ornementales peu gourmandes en eau (lavandes, romarins) et surtout en évitant celles qui ont de gros besoins.

Pour aller plus loin

Une fois ces quelques reflexes adoptés et maîtrisés, on peut aller encore plus loin. Il suffit de penser son jardin différemment. Par exemple, comme l’explique le paysagiste et auteur Eric Lenoir, laisser des herbes hautes dans un jardin permet également de lutter contre l’évaporation des sols et de limiter la chaleur :   » Les grandes herbes captent l’humidité de l’air, ce qui est particulièrement important en été. Elles empêchent le soleil d’atteindre directement le sol et limitent l’évaporation. L’herbe blanche a également un effet d’albedo. Pensez aux maisons grecques peintes à la chaux. Le blanc reflète les rayons du soleil et limite la chaleur. Le phénomène est le même dans un jardin. Toute la zone enherbée sera moins chaude. »

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